L’athlétisme du Grand Est n’en finit plus de perdre ses serviteurs.
Ce dimanche 28 juin 2020, c’est Hubert STEINMETZ qui a pris, à 78 ans,
la clé des champs qu’il aimait tant, plongeant dans une profonde
tristesse son épouse, ses proches, ses athlètes d’hier et d’aujourd’hui,
et tous ceux qui l’ont côtoyé.
« Je savais qu’il n’était pas bien depuis quelques mois, confiait Jean-Marie Bellicini ce lundi. Je l’ai croisé il y a un an, on savait qu’il n’était pas en grande forme, mais tout de même, de là à penser qu’il allait déjà partir... C’est un très grand Monsieur qui s’en va et qui laissera un vide immense dans son club de Brumath, mais aussi dans tout l’athlétisme français. »
À une échelle plus modeste, qui dans le microcosme régional du demi-fond et du cross-country n’a pas conservé un souvenir ou une anecdote à raconter sur l’homme à l’éternel bonnet vissé sur un visage jovial et immensément humain ?
« J’assistais ce jour-là aux championnats interrégionaux de cross à Montbéliard. Je regardais l’épreuve des juniors et j’étais littéralement transi de froid. J’ai tout à coup entendu quelqu’un m’interpeller : Toi, t’as besoin d’un remontant ! Le tout en me tendant un gobelet et une bouteille de schnaps tirés de son sac à dos. Son sourire bienveillant en prime. »
Ce sourire
n’excluait d’ailleurs pas la rigueur, sa marque de fabrique qu’il disait
héritée de son père et qui s’exprimait parfois par des coups de semonce
homériques !
Et la méthode – la méthode STEINMETZ – avait du bon :
comment en douter après avoir parcouru le palmarès de ses élèves riche
d’une cinquantaine de titres nationaux ?
De Jean Conrath aux frères Mischler en passant par les sœurs Véronique et Martine Rusch, Annette Kehren, Édith Paulin ou Julie Lejarraga, l’Unitas Brumath a engrangé tant de lauriers que les étagères du stade Rémi-Huckel ne suffisent plus depuis longtemps pour les valoriser ou simplement remiser les trophées glanés sur tout le territoire…
Un panégyrique fabuleux, hors du commun comme l’est le parcours de cet homme aux multiples vies, véritable touche-à-tout de génie qui eut même quelque temps sous sa férule un certain Léonard Specht, international de football.
Son existence ? Des images qui se juxtaposent : la famille, l’éducation nationale, l’athlétisme, le staff national de demi-fond, la fonction de premier édile de Mommenheim, le rôle de CTS alsacien, sa passion méconnue pour les fleurs…
Et surtout le club qui l’a toujours
fait vibrer et pour lequel il a toujours abattu son atout cœur :
l’Unitas Brumath et sa mythique cendrée où ont défilé tant de
silhouettes façonnées dans les difficiles travaux des champs voisins.
Brumath où Hubert prit sa première licence en 1958 et dont il entraînait la toute dernière pépite : Baptiste Mischler qu’il rêvait d’accompagner aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021.
Tout comme il envisageait une tranquille retraite, à méditer sur la vie comme elle va, peut-être à la façon des rêveries du promeneur solitaire :« Je rêve surtout des moments qu’on a passés ensemble. C’était des années fabuleuses. Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, on ne revivra plus cela ! »
Surtout maintenant que le grand Hubert s’est éloigné…
Le Comité Directeur de la Ligue d’Athlétisme du Grand Est, les dirigeants et les athlètes de la LARGE présentent à sa femme Christiane, à tous les membres de l’Unitas Brumath, à ses athlètes et à tout l’athlétisme alsacien, leurs condoléances attristées et les assurent de toute leur compassion.
Jean-Pierre Déloy,
Président de la LARGE