Printemps viral
à tous les personnels de santé
et à ceux qui font que la vie continue
Le printemps
est venu avec tout son cortège
D’arbres
embourgeonnés dans le bois ingénu,
De vergers en
liesse tout pâles comme neige,
Avec ses
champs fleuris le printemps est venu.
Les haies sont
embaumées de l’éclat des violettes
Sur lesquelles
flottent les bourdons étourdis ;
De partout
arrivent les rumeurs indiscrètes
Que content
les merles aux buissons engourdis.
L’air pur est
traversé des parfums de l’aurore
Et du vol
gracile des premiers papillons,
Un sansonnet
chantonne et son chant s’évapore
Dans le saule
qui pleure au-dessus des ajoncs.
Ses larmes s’éloignent
en cercles concentriques
Au gré de
l’onde bleue qui charrie les chagrins
Sous la
lumière crue du soleil anémique
Où navigue la
solitude du matin.
Le monde
lumineux s’étonne des rues vides,
Des parcs où
bien seuls sont les pigeons effarés :
Autour d’une
affiche barrée du nom covid
La vie et le
monde semblent s’être figés.
Derrière les
murs blancs pourtant on se démène
Auprès des
malades, les yeux las, mais vaillants :
On se bat jour
et nuit sans ménager sa peine,
N’ayant comme
objectif que sauver les patients.
Quand des
sémaphores au micro gesticulent,
Quand derrière
un masque certains se paient de mots,
Paraissant
oublier les morts qui s’accumulent,
Eux n’ont pour
volonté que combattre les maux.
Eux n’ont
comme souci que la survie des autres,
Dormant même
en la rue pour les leurs préserver,
Loin de leurs
familles, inlassables apôtres :
L’offrande de
leur temps, ce sont des cœurs sauvés.
Dehors le
virus rôde en plein jour sous la nue
Et malgré le
soleil qui luit de ses ardeurs,
Boueurs et
gendarmes arpentent l’avenue,
Boulangers et
bouchers faisant fi de leurs peurs,
Paysans dans
leurs champs et chauffeurs sur les routes,
Chacun sans
relâche prolonge son métier,
Pour que l’on
aille mieux, pour que tombent les doutes,
Pour que le
mal très vite à jamais soit rayé,
Pour que le
doux printemps qui de partout ruisselle
Continue à
briller même au déclin du soir,
Pour que le
petit feu qui au loin étincelle
Brille demain
plus fort qu’une lueur d’espoir :
Espoir que
renaîtront les beaux jours dans le monde,
Loin de la
maladie et de tous ses tourments,
Espoir qu’à
l’école refleuriront les rondes,
Les rires des
enfants et cet hymne au printemps :
Le printemps
est venu avec tout son cortège
D’arbres
embourgeonnés dans le bois ingénu,
De vergers en
liesse tout pâles comme neige,
Avec ses
champs fleuris le printemps est venu.
Jean-Pierre Déloy
Samedi 12 avril 2020